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Suite lyrique "En hommage à Alban Berg"

 

 

Le grand compositeur viennois écrivit sa célèbre "Suite lyrique" pour quatuor à cordes en 1925-1926. L'agencement, en six mouvements, procède de l'entrecroisement des mouvements pairs (tempo rapide) avec les mouvements impairs (tempo lent). C'est un véritable poème d'amour impossible qui renferme même un sous-texte, dans le sixième mouvement, un poème de Charles Baudelaire, secrètement illustré par le compositeur au moyen de la seule musique. La progression sentimentale est dramatique depuis le giovale initial jusqu'au desolato final. C'est une musique dodécaphonique à forte valeur expressive. Alban Berg était un être et un musicien complexe. Obsédé par le rattachement aux formes du passé, tout en ouvrant les voies de la musique nouvelle, il s'entourait d'un rempart de citations et d'allusions.

 

Mon travail ne prétend nullement illustrer la musique adamantine de Berg, mais tente une sorte d'abstraction lyrique, inspirée par la succession des climats étranges du chef-d'oeuvre d'Alban Berg. C'est un essai de confrontation entre dodécaphonisme musical et abstraction picturale. Il est toujours difficile d'expliquer ce qu'on a voulu faire, car votre main est souvent guidée, sur l'instant, sans que vous en soyez toujours le maître. Disons, que les trois bandes qui partagent l'espace peuvent être interprétées comme trois niveaux de lecture (comme dans les fresques magnifiques du Palazzo Schifanoia de Ferrare, que l'on peut lire ainsi, selon son niveau d'érudition). Dans ma peinture, ces bandes sont apparues très naturellement après avoir peint quelques paysages sur lesquels il y a toujours un premier plan, puis le lointain horizon, puis le ciel. J'ai sans doute gardé ce partage en trois en passant à l'abstraction. En principe, ces bandes sont des chemins, des frontières plus ou moins minces entre un événement et un autre, à l'exception de l'adagio appassionato où les couleurs se mélangent, car la passion emporte tout et n'a pas de frontières. J'ai aussi essayé de reproduire la vivacité de certains mouvements par les textures qui n'apparaissent pas, ou très mal, dans mes reproductions photographiques. La permanence de ces trois bandes (de mêmes que les trois taches que l'on voit dans la partie supérieure de chaque toile) sont aussi là pour donner un fil conducteur aux 6 tableaux comme la musique de Berg qui, sans être la même d'un mouvement à l'autre, est toujours reconnaissable. Le presto delirando a lui une ligne brisée, c'est ma façon de figurer le délire qui est d'ailleurs chez Berg proche du cauchemar. Les arrêtes de ma ligne brisée sont au nombre de 12, pour figurer la série dodécaphonique sur laquelle est construite toute la Suite Lyrique. 

 

Cette succesion de six tableaux a été peinte, à l'acrylique sur toile (format 100 x 100) au début de l'année 2015.

 

(Cliquer sur une photo pour l'agrandir ou les faire toutes défiler)

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